Les courants souterrains du coronavirus

Les courants souterrains du coronavirus

Dans cette newsletter, seconde du genre, j'aborderai à nouveau les courants souterrains qui sont en train d'émerger dans les temps mouvementés que nous vivons. Pourquoi cette focale sur ce qui se passe "sous la surface" ? Peut-être bien parce que vous avez déjà eu bon nombre d'occasions de lire sur les choses à faire pour sauver le monde, des propositions importantes mais qui visent quasi toutes l'aspect extérieur des choses. Alors, ne changeons pas les cartes mais allons voir sous la table...

Une des raisons de l'existence du mouvement Créatifs Culturels en Belgique est de pointer le fait que les acteurs de changement du monde ne se trouvent pas que dans le camp des militants. Nous évoquons sans cesse l'importance pour chacune et chacun de s'impliquer conjointement dans deux types de changement : celui qui consiste à faire avancer le monde vers mieux, et celui qui s'attache à nous faire, nous en tant que personne, avancer vers mieux. Cette relation étroite entre la transformation personnelle et l'évolution de société est au coeur de notre réflexion-action.

L'idée est simple : cette société a été construite par des humains avec ce que sont les humains. Si elle est actuellement axée sur la consommation de biens matériels, la satisfaction à court terme, la croissance économique etc, c'est que ce type de désirs fait partie de la nature humaine et est présent chez un grand nombre. A côté d'autres désirs que l'on peut considérer comme "plus nobles", bien que ce soit juste une question de point de vue. L'idée continue comme suit : si tu fais évoluer vers mieux ta psyché personnelle – c'est-à-dire ta connexion particulière avec la nature humaine – tu vas imprimer dans ce monde des choses différentes ; si un grand nombre font cela, cela va changer notre réalité collective.
Evidemment, nombreuses aussi sont les personnes qui pensent qu'il nous est impossible de faire évoluer notre rapport à la nature humaine. Mais de plus en plus font l'expérience que oui, c'est possible. Et oui, c'est souhaitable...

Le texte qui suit évoque comment certains courants qui ont eu l'occasion d'un peu plus émerger grâce à la crise sanitaire que nous connaissons vont abondamment dans ce sens. Et c'est heureux  !

Rappelons que ces flux souterrains travaillent au niveau archétypal. S'imprimant dans l'inconscient des gens, ils sont d'autant plus forts pour celles et ceux qui sont déjà sensibles à l'une ou l'autre thématique ou problématique. Ces courants arrivent à faire leur travail même si leurs spécificités ne viennent pas jusqu'à notre conscience. Et en même temps, nous avons à devenir leur partenaire...

J'ai pointé trois de ces rivières souterraines dans la newsletter précédente. En voici deux  autres :

 1.    Quand le gouvernement a décidé de nous confiner chacun chez nous, pour notre sécurité et celle des autres, le message symbolique que notre inconscient a la possibilité de capter est que la partie "la plus sage" de notre personne, celle qui prend les décisions, nous enjoint de revenir à l'intérieur de nous, dans notre intériorité. C'est là où, symboliquement toujours, nous trouverons notre sécurité. Revenir en soi, c'est être attentif à ce que nous vivons, dans  chacun des niveaux de fonctionnement humain : percevoir les sensations au niveau de notre corps, reconnaître les émotions qui émergent en nous, être conscients des pensées qui nous agitent, vibrer aux intuitions qui nous viennent. Ne pas détourner le regard de notre conscience...
Revenir à l'intérieur de soi et construire notre capacité à prendre conscience de ce qui s'y passe, c'est à l'évidence une clé majeure de l'évolution d'un individu. Cette évolution de notre psyché est une racine essentielle pour permettre l'évolution de nos comportements et, partant, l'évolution du monde... du moins si nous sommes nombreux à emprunter ce chemin.
Nous trouvons ici un exemple de la relation étroite entre évolution personnelle et évolution de société.
Il est intéressant également de regarder les différentes réactions humaines à cet état de confinement dans lequel il nous a été demandé de vivre les choses.  De facto, par cette proximité longue, les relations entre confinés vont s'intensifier. A l'intérieur de la famille, les parents et les enfants vont avoir plus d'occasion de se frotter l'un à l'autre et de vivre des choses ensemble. Pour certains, cela renforce la famille et pour d'autres, cela va accroître les tensions et peut-être les violences intrafamiliales. Les médias ont grandement relaté ce phénomène. Certains y verront le miroir de comment ça se joue, à l'intérieur de nous, entre les différentes parts de nous  : quelle est la qualité de relation entre cette partie plus parentale en nous et ce que l'on appelle souvent l'enfant intérieur ? Sommes-nous dans une belle reliance où chaque sous-personnalité tient son rôle en étant respectée par les autres parties ? Ou sommes-nous de ces personnes qui donnent une place prédominante, par exemple, à la partie parentale : celle qui s'adresse souvent à nous par des "il faut que tu fasses ceci.." ou "tu ne dois pas être comme cela..." et d'autres injonctions de même note ? Ce qui ne serait pas un gros problème si elle ne développait parfois une tendance à brimer les autres voix qui essayent de s'exprimer en nous, oubliant la sagesse de chacune, et certainement celle de l'enfant en moi.

 2.    La crise sanitaire, mais sans doute plus encore l'écho médiatique qui lui est donné, nous amène à la conscience de notre fragilité. Notre fragilité en tant que personne, mais aussi notre précarité en tant que collectivité. On peut en effet très bien imaginer que le prochain virus soit beaucoup plus méchant... avec une possibilité d'extinction ou de quasi extinction de l'espèce humaine. Et ça c'est excellent ! Non pas l'extinction de notre espèce, mais la reprise de contact, même inconsciente, avec combien nous sommes fragiles. D'abord parce que cela nous amène à une humilité que "le genre humain-roi du monde" a perdue en grande partie, avec tous les déséquilibres que cette position hégémonique a provoqués, en nous et autour de nous. Mais également parce que cette pensée-racine "ma vie et celle de mon espèce, cela peut être tellement fragile..." redonne plus de valeur à la vie elle-même ; la nôtre, mais aussi la vie sous toutes ses formes. Et cela rejoint évidemment les préoccupations écologiques. En outre et ce n'est pas le moins important, cela redonne de la valeur à la recherche de sens à donner à mon existence tant que je suis en vie... Et donner du sens à sa vie ne peut qu'aller vers le meilleur, pour nous et le monde.

La newsletter précédente pointait trois courants émergents et cruciaux pour le monde qui vient : ralentir, prendre soin et se dédier à quelque chose qui nous dépasse. Cette newsletter évoque d'abord le courant qui va amener chacun plus proche de son intériorité ; elle évoque ensuite celui de la valeur à donner à la vie au sens large ainsi que de l'importance à donner du sens à sa propre vie.

Rappelons-le, toutes ces choses vont se passer dans l'inconscient des gens. Et elles vont marquer celles et ceux qui y sont en résonance forte.
Dans le principe, tous les êtres humains, même les plus aigris, sont potentiellement sensibles à tous les courants souterrains que nous avons évoqués dans cette newsletter et la précédente. Sauf que, sur quelques décennies en tant qu'espèce humaine, nous nous sommes désensibilisés ! Nous sommes de moins en moins sensibles à ce qui se passe autour de nous et même à ce qui nous arrive. Dès lors, nous nous laissons entraîner par les tourbillons du monde... et perdons progressivement notre liberté personnelle. Sans même que celle-ci n'ait besoin d'être limitée par un éventuel autoritarisme d'Etat.
Il y a donc un enjeu crucial à travailler à notre re-sensibilisation !
Et ceci sera justement le thème abordé dans notre prochaine newsletter.

Vincent Commenne pour le mouvement CC en Belgique

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